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Le psychologue, clinicien, psychothérapeute, formé en criminologie Gilles Floriou donne son point de vue sur l'affaire Kouchner. 

Que pensez-vous de l’affaire Kouchner ?

 

L’affaire Kouchner, je n'ai pas lu le livre de cette femme qui ose prendre aujourd'hui la parole en son nom et en celui de son frère jumeau, seulement quelques extraits et certaines chroniques, et qui est l'illustration malheureusement « banale » de ce que peut être un mode de relation incestueux dans une famille, de ce qui est profondément déstructurant pour un enfant. Le cadre est bourgeois, dans un milieu intellectuel et politique, par un homme tout puissant sur la place de Paris. Tout le monde savait, tout le monde pouvait voir et comprendre, tout le monde ignorait et respectait la loi du silence, tout le monde se cachait derrière des pratiques faussement d'avant-garde. Il y a aussi de la soumission à l'autorité.

Au sein des foyers où il y a de l’inceste c’est souvent un des deux sexes des enfants qui est pris pour cible, comment pouvez-vous expliquer que le frère était la seule victime ? (orientation sexuelle du beau-père, autres).

 

L’affaire Kouchner si j'ai bien compris, ce n'était que le frère qui était victime de son beau-père et non la sœur. D'ailleurs, je ne sais pas si elle l'écrit dans son livre, mais en tentant de protéger son frère, en prenant son parti, elle s'est automatiquement identifié à lui et à sa souffrance : de fait, elle a subit les mêmes préjudices que son frère jumeau par identification. Pour en revenir à votre question, c'est très variable ; parfois l'agresseur ne s'en prend qu'à un seul sexe, parfois aux deux indifféremment. Parfois c'est la pulsion homosexuelle mal refoulée qui parle. Rien d'automatique en tout cas.

 

Que pensez-vous d’une famille qui parle librement de sexualité, dans le cadre où le beau-père erre dans la maison dénudé, où la mère parle ouvertement de ses conquêtes, où un enfant doit mimer un acte sexuel en public et la photographie de ses fesses est affichée dans une demeure à la vue de tous ?

Vous faites clairement allusion à ce que décrit Camille Kouchner dans son livre. Cela reflète un univers « incestuel » (climat général incestueux sans passage à l'acte) bien décrit dans la littérature en psychologie, où tout est érotisé, tout est permis sous couvert de liberté sexuelle ou de dogme naturiste, une sorte de climat d'inceste sans passage à l'acte incestueux. Sauf que l'on sait l'histoire aujourd'hui pour Olivier Duhamel, le passage à l'acte avait bien lieu et était régulier sur un enfant. Dans les familles incestuelles, il est interdit de fermer la porte de la salle de bain quand la jeune fille ou le jeune homme pubère prend sa douche, les enfants doivent dormir nus au dessus des draps la porte de chambre ouverte, les propos sont déplacés et inadaptés aux oreilles des enfants, bain de minuit imposé... en partie ce qui est sans doute décrit dans ce livre.    

 

Pouvons-nous qualifier son beau-père de pervers narcissique ? 

Il faut se méfier de ce diagnostic très à la mode car fascinant, et que l'on met à toutes les sauces, si j'ose dire. Ce que je sais juste sur cet homme, c'est sa toute puissance qui le faisait régner autant sur sa famille que sur l'Université et les médias. L'absence de culpabilité et de honte (mais à voir aujourd'hui que l'affaire est portée à la connaissance de tous), le manque d'empathie et la mégalomanie semble avoir été assez bien dépeints dans les extraits que j'ai parcouru. Il en est de même pour la loi du silence, le déni des uns et des autres, etc. Ce qui serait intéressant à connaître, c'est sa propre histoire, les raisons pour lesquelles il est devenu incestueux.

G.Floriou:
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